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EGLISE PROTESTANTE UNIE DE VOIRON
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Culte de Pâques

Dimanche 12 Avril 2020

 

 Prédication de Marie Pierre Van Den Bossche, pasteure à Grenoble

Frères et sœurs,

 Ils sont trois, trois personnages dans ce récit : une femme et deux hommes. Trois personnages qui courent, qui s’affolent, un peu comme lorsqu’un morceau de sucre tombe au milieu d’une fourmilière, sauf que là, le morceau de sucre, ou plutôt la pierre... a été enlevée.

 Au départ, elle est toute seule, Marie-Madeleine, toute seule dehors, à une heure où une femme ne sort pas puisqu’il fait encore nuit. Mais fait-il nuit dehors ou bien dans son cœur ? Ne serait-ce pas la nuit du deuil ?

 Marie-Madeleine est seule et elle est la première, la première du premier jour et j’ai envie de dire de la première heure. Mais elle est à peine arrivée qu’elle repart aussi sec.

 Deux autres courent à présent. On a l’impression qu’ils font la course. Peine perdue car, de toute façon, Marie-Madeleine était la première. Oui... mais à présent elle est la dernière !

Le disciple que Jésus aimait court le plus vite. Il arrive premier. Et pourtant, là, il attend. Comme s’il avait voulu montrer toute sa bonne grâce. « Tu vois... semble-t’il dire à Pierre, si tu entres le premier dans le tombeau, c’est parce que je le veux bien, parce que je suis bon prince ». Le disciple que Jésus aimait s’efface devant celui que Jésus choisit pour asseoir son Eglise.

 Le disciple bien aimé fut d’ailleurs souvent le premier. N’est-ce pas lui qui s’introduisit dans le tribunal pour y suivre Jésus avant d’y faire entrer Pierre, ce même Pierre qui allait renier Jésus par trois fois ?  N’était-il pas

aussi au pied de la croix avec Marie, la mère de Jésus, tandis que les apôtres s’étaient terrés ailleurs ? N’est-il pas, encore une fois présent, aux premières loges tandis que la tombe est ouverte ?

 Certes, ce disciple était celui que Jésus aimait, pourtant, il avait choisi Pierre comme chef. Eh oui ! Pierre, ce bon bougre un peu soupe au lait qui s’essouffle et fait ce qu’il peut pour suivre l’autre, le chouchou, le préféré ! Avec Pierre, pas de salamalec ! L’autre le laisse entrer le premier... et bien... soit.

 En réalité, les trois personnages ont couru. Les trois personnages ont été premiers : Marie-Madeleine à la première heure, Jean à la course et Pierre pour entrer dans la tombe...

 Les premiers seront derniers et les derniers seront premiers avait dit Jésus. En réalité, nul ne peut se mettre au-dessus ou en dessous des autres. Quelle que soit notre relation à Dieu, il nous aime chacun d’une manière unique et même si certains ont été baptisés avant d’autres, même si certains ont suivi le kt depuis leur enfance tandis que d’autres sont arrivés par hasard, en poussant la porte, l’essentiel est de se savoir aimé, quoiqu’il arrive, de façon unique.

 Marie-Madeleine, le disciple que Jésus aimait, Pierre sont tous trois arrivés à la tombe, tous trois sur la plus haute marche du podium : la première. Pourtant à l’arrivée, un seul croit. « Il vit et il crut dit le texte ». Que vit-il de plus que les autres qui lui permit de croire là où les autres sont perplexes ?

 Marie-Madeleine vit que la pierre a été enlevée et elle en déduit immédiatement qu’on a enlevé le Seigneur du tombeau. S’est-elle approchée ? Nullement. Est-elle allée voir s’il était dedans ? Nullement ! Marie-Madeleine constate et déduit immédiatement. La seule chose qui lui paraisse imaginable c’est le fait que des gens aient cherché à récupérer le corps de Jésus. Les autorités ? Des admirateurs ? Peu importe ! Si elle part chercher Pierre et Jean, c’est sans doute pour l’aider à mener une enquête et à récupérer, vite fait bien fait le corps.

 Pierre, entrant dans le tombeau voit les bandelettes qui gisent là et le linge qui était sur la tête de Jésus ; ce linge ne git pas avec les bandelettes mais il est roulé à part, dans un autre lieu. Le regard de Pierre est observateur. Il inspecte, scrute, examine comme s’il était décidé à aider Marie-Madeleine à trouver une explication et une solution au problème. Il mène l’enquête.

 Le disciple que Jésus aimait est le seul à entrer, à voir et à croire. Il n’est pas dit ce qu’il voit. D’ailleurs, voit-il quelque chose ? Sans doute, il ne voit rien... mais ses yeux s’ouvrent comme ceux de l’aveugle qui, d’un seul coup, voit droitement. Le disciple aimé ne voit rien car le tombeau est vide, mais à lui seul est révélé le mystère de la Résurrection. Le tombeau est vide. Ce n’est pas uniquement l’âme de Jésus qui est ressuscitée, mais le corps aussi ! Ce n’est pas un ectoplasme qui va se présenter ensuite aux disciples, mais Jésus en personne, avec son corps glorifié certes, mais marqué par les blessures de la croix.

 Pour l’instant, en tout cas, le disciple que Jésus aimait ne voit rien et il croit. Lui seul reconnaît dans l’absence de corps de Jésus dans la tombe, l’éternelle et véritable présence de Jésus dans le monde.

 Dans la revue Filotéo destinée aux enfants, je lisais la réflexion d’une enfant de 9 ans qui disait à peu près ceci : « Si Jésus n’était pas mort, ce serait embêtant car tout le monde voudrait l’approcher alors que comme il est mort et ressuscité, chacun peut l’approcher dans son cœur ».

 Le disciple que Jésus aimait était le plus proche de Jésus. Posé contre le sein de son maître lors du dernier repas, il est encore là, dans la tombe, celui qui sent encore les pulsations de Jésus. Il voit et il sait, instantanément. Il comprend sans forcément s’expliquer. Il croit, c’est tout.

 Quant aux deux autres, ils semblent chercher une explication. Lorsque Pierre et Jean s’en retournent, Marie-Madeleine reste et entre à son tour dans la tombe. Un instant plus tard, elle confondra Jésus avec le jardinier. Ne voit-elle donc pas ? Est-elle donc aveugle ?

 Oui, en quelque sorte, elle n’en croit pas ses yeux. Elle voit sans croire à ce qu’elle voit.

 Dans ce texte, trois mots grecs différents sont utilisés pour dire le mot voir. L’un signifie plutôt regarder, constater, l’autre signifie observer, examiner, contempler. Le verbe utilisé pour le disciple bien-aimé signifie voir et

certainement reconnaître. Face à cette nouvelle réalité qu’est le tombeau vide, les uns vont s’interroger et tenter de trouver une explication ou un début de piste tandis qu’à l’autre, la vérité sera révélée.

 Réalité et vérité se sont rencontrées en la personne du disciple bien-aimé.

Mais si l’un est le premier à croire, Marie-Madeleine sera la première à voir de ses yeux et surtout à s’entendre appelée, appelée à témoigner tandis que Pierre, lui, plus tard, deviendra chef de l’Église, deviendra premier.

 Ils sont trois, trois personnages dans ce récit, tous trois premiers à leur façon, tous trois croyants à leur façon, comme une manière unique d’être en relation avec le Christ.

 Combien sommes-nous ce matin ? Trop nombreux pour être comptés mais si peu au regard de tous les baptisés. Et pourtant, chacun a une place unique dans le cœur de Dieu. Même si tous nous croyons en un seul Dieu, Père, et Fils et Saint-Esprit, chacun de nous a une manière de croire qui lui est propre, tout comme nous espérons que les enfants trouveront un jour la leur et avoir avec Lui une relation absolument unique.

 En effet, frères et sœurs, il y a 2020 ans une porte s’est ouverte sur la liberté de croire et d’aimer que jamais personne ne pourra refermer.

 Alléluia !