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EGLISE PROTESTANTE UNIE DE VOIRON
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Culte des Rameaux : Mt 21, 1-11

Dimanche 05 Avril 2020

Jésus a un but : monter à Jérusalem, entrer dans sa ville en tant que roi héritier de David. Il aurait pu entrer sur un char tiré par des chevaux brillamment harnachés. Eh bien non !  il fait cela dans un équipage qui n’a rien de vraiment royal. C’est sur un âne, la monture du pauvre.  Jésus est un roi humble.

Jésus était populaire. Souvenez-vous ! Quand il était entré à Capharnaüm, il y a avait tant de monde que l’on avait dû percer le toit de la maison ou il était pour lui amener un paralytique (Mc 2 ). Une autre fois la foule était si pressante, qu’il avait dû monter sur une barque pour leur parler ( Mc 4, 31 ). De même quand il avait nourri 5000 personnes en multipliant les pains. Quand il monte à Jérusalem, le bain de foule est incroyable. Elle le célèbre avec des rameaux ; ce qui confirme sa popularité. Cette foule en liesse espère voir le messie annoncé depuis si longtemps. Elle espère sans doute qu’il allait renverser les pouvoirs en place pour instaurer la domination d’Israël sur le monde entier.

Quand, dans une deuxième étape, après ce bain de foule, il monte à Jérusalem, au climat enthousiaste de la foule succède une autre ambiance, celle du doute, du manque de confiance. Et l’on s’interroge : « qui est-ce » ? «  Qui est-ce ?  »,« N’est-ce qu’un petit prophète ? Ou est-ce le Messie tant attendu » ?  On n’a plus du tout confiance. Comme si les gens avaient peur d’être déçus ; de vivre un nouvel échec.

Souvenez-vous des pèlerins d’Emmaüs. Eux aussi avaient vécu l’enthousiasme quand ils écoutaient Jésus sur les routes. Et voilà qu’il est crucifié. Il n’a rien pu faire.  Alors tout tristes, ils se disaient : « Nous espérions, mais  voici le troisième jour et le tombeau reste fermé. Le crucifié reste muet ». Leur confiance en Jésus avait disparu. Il n’avait pas été ce guerrier vainqueur et triomphant qu’ils attendaient. Et pourtant, figurez-vous que Jésus marchait discrètement à leurs côtés. Ils n’en savaient rien ! Ils le découvrent en partageant avec lui le pain. Ils sont stupéfaits. Contre toute attente, Il était là.

Alors nous aussi nous pouvons nous interroger. Qui est- Jésus pour nous en 2020 ? Faut-il que nous lui trouvions une place dans la Trinité ? Dans les dogmes de notre église ? Dans les sacrements du baptême et de la Cène ? Dans ses paroles telles qu’elles nous sont rapportées dans les évangiles ? Vaudrait-il mieux que nous aussi nous limitions la confiance, n’espérions plus sous prétexte que l’Église n’est plus triomphante?

Non ! Car l’espérance et la confiance ne déçoivent jamais. Car le Royaume est présent par notre confiance, par notre espérance Il est semence de puissante transformation, mais avance discrètement, humblement. Comme Jésus quand il cheminait auprès des pèlerins d’Emmaüs. Et puis Jésus va nous étonner, nous stupéfier.

 Jésus va bien monter à Jérusalem. Il va y provoquer un scandale au Temple, en renversant les tables des changeurs, en provoquant les prêtres qui vont organiser leur vengeance. Cette montée va en effet se terminer par sa mort en croix les jours suivants. Alors nous aussi allons-nous douter ? Nous demander qui est ce Christ ? Allons-nous comme les pèlerins d’Emmaüs, ne plus avoir d’espérance ?

Notre espérance ne sera pas déçue. Nous gardons notre confiance en Lui. Il a vaincu la mort. Même si le monde nouveau tel que l’espérait la foule qui l’acclamait,  tel que nous l’espérons quand nous nous forgeons des utopies qui ne se réalisent pas, nous sommes appelés à ressusciter avec lui dès maintenant, vivants pour l’advenue de son royaume, pour une vie qui a un sens dès maintenant.  Comme le dit l’apôtre Paul : « Nous avons été ensevelis avec lui dans la mort par le baptême, afin que comme Christ est ressuscité des morts, par la gloire du Père, nous aussi nous marchions en nouveauté de vie. » ( Ro.6,4)

Et voici que des gestes de reconnaissance, de bonté, de solidarité nous étonnent et nous émerveillent. Des applaudissements pour ceux qui assurent les fonctions essentielles, celles qui font tenir debout une société alors qu’ils sont sous-payés, méprisés. Je parle ici des aides-soignantes, des infirmières et infirmiers, des médecins qui travaillent dans les hôpitaux, le personnel des écoles, les instituteurs, des professeurs, des chercheurs, des éboueurs, des caissières. Ce sont des gestes significatifs du royaume qui vient. Dieu est déjà présent dans ces gestes.  Un petit virus remet les pendules à l'heure, car voilà qu'aux fenêtres, un peuple confiné hurle son respect, son amour, sa reconnaissance pour les vrais soldats de notre époque, ceux qui sont prêts à donner leur vie pour sauver la nôtre. Oui ! A chaque fois que l’amour et la bonté se manifestent, Christ ressuscité est présent à nos côtés. Mais nous ne le voyons pas toujours.

 Amen, Hugues